Béatrice de LAVALETTE organisait ce 18 juin la 11ième édition internationales du dialogue social au théâtre de la Tour Eiffel. En introduction elle nous rappelle un paradoxe français : tous les sondages montrent que l’on attend un dialogue social de qualité alors que le taux de salariés syndiqués a fortement baissé en France depuis les années 50 pour se rapprocher de 10%. La perception de la qualité du dialogue social s’est un peu améliorée dans les premières années du premier mandat d’Emmanuel MACRON mais se dégrade depuis la crise COVID avec presque ¾ d’avis négatifs.

Notre Ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid PANOSYAN-BOUVET est venue ouvrir la journée avec beaucoup d’espoir sur le conclave alors en cours sur les retraites. Elle utilise une formule intéressante pour inciter à trouver rapidement un compromis : le compromis n’est pas la compromission. Nous savons hélas depuis que, malgré une dernière séance le 23 juin, le conclave n’a pas été un succés.

Les autres pays
Journée internationale oblige, la première table ronde donnait la parole aux représentants de différents pays : Italie, Espagne, Suède, Tunisie, Allemagne.

Renate HORNUNG-DRAUS, ancien VP de l’Organisation Internationale des Employeurs connait bien l’Allemagne puisqu’elle fait partie des responsables de la Confédération des Employeurs Allemands. Elle regrette que les relations syndicales soient en train de « s’américaniser ». Les syndicats organisent des happenings et les patrons se concentrent sur les actions de lobbyings.
Mohamed Ali BOUGHDIRI, ancien ministre tunisien et ancien dirigeant de l’UGTT est venu nous rappeler que le dialogue social existe aussi en Tunisie. L’UGTT a d’ailleurs fait partie du quartet qui a obtenu le prix Nobel de la Paix en 2015. Une façon de reconnaître le rôle social mais aussi sociétal de ce syndicat qui a contribué à éviter que la Tunisie ne bascule dans une guerre civile. L’organisation continue à se battre pour protéger les plus vulnérables et limiter les répressions syndicales.
Cyrene WAERN représentante de la confédération suédoise des travailleurs (LO) regrette que la syndicalisation, encore élevée dans son pays, soit en baisse. Elle explique cela par le fait que de nombreux jeunes n’ont pas conscience que leur rémunération dépend de la convention collective. La Suède reste toutefois un cas à part avec une seule grève, dure par contre, en 2024 dans les usines de Tesla.
Le dialogue social illustré.
La seconde table ronde présentait des « sucess story » en matière de dialogue social. Nous y avons surtout parler d’IA, mais aussi d’environnement !

Cécile TRICON-BOSSARD est directrice des ressources humaines du groupe BPCE. Le dialogue social est important pour maîtriser le déploiement de l’Intelligence Artificielle vers les 100.000 collaborateurs. Les défis éthiques sont d’autant plus délicats que l’on ne connait pas à l’avance les cas d’usage qui vont fonctionner. Ces défis présentés par l’IA sont présents dans le dernier accord sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP).
C’est aussi le sujet de l’IA que Christelle BOURDON, directrice du développement social de AXA France, a choisi de présenter. L’accord prévoit des échanges réguliers avec les partenaires sociaux et des formations pour les mettre à niveau sur les problématiques IA. Il s’agit d’être attentif aux défis technologiques de l’IA mais aussi aux changements culturels nécessaires.
Le groupe ALPHA, dirigé par Estelle SAUVAT est un peu un cas à part. Leurs experts facilitent le dialogue social chez leurs clients mais il s’agit aussi de gérer en interne les +800 collaborateurs. Les 47 accords signés en interne portaient sur le télétravail, la QVT, l’égalité professionnelle…

Ludovic MASSON, directeur des ressources humaines de Lamy Liaisons revient sur le sujet de l’IA. L’accord GEPP inclut 20% de mentoring croisé. Un webinar mensuel est organisé pour rester informé des progrès de l’IA. La révision de la cartographie des métiers en cours prend en compte les problématiques de l’IA.
Nicolas LETELLIER, directeur des relations sociales chez TotalEnergies a présenté un tout autre sujet. Pour faire face à l’augmentation du coût de la vie, un accord a été signé pour aider les salariés à mieux gérer leur mobilité et leur consommation énergétique. Cet accord repose sur des partenariats avec des organismes financiers pour faciliter l’acquisition de véhicules électriques. Chaque collaborateur dispose d’un budget de 2000 euros, quel que soit son niveau hiérarchique. L’achat de panneaux solaires ou de matériaux isolants est ainsi remboursé sur simple facture.
Le temps de travail
Diminuer le temps de travail pour permettre un meilleur équilibre de vie ou l’augmenter comme certains le réclament dans le cadre d’une « économie de guerre » ? La question était posée aux participants à la dernière table ronde.

Gilles de ROBIEN, ancien ministre et maire d’Amiens a illustré l’importance du dialogue social en comparant les difficultés de Dunlop et de GoodYear, deux entreprises installées sur son ancien territoire. Chez Dunlop, un dialogue social de qualité a permis à l’usine de continuer à fonctionner pendant plusieurs années. Par contre chez GoodYear, le dialogue social bloqué a débouché sur la fermeture de l’usine. Ceci a mis 1.200 familles en difficulté. Il estime aussi que le travail est un lieu de socialisation. Ses 84 ans ne lui enlèvent pas l’envie de s’engager dans différentes tâches.
Amir REZA-TOFIGHI est le nouveau président de la CPME. La dette de la France devrait permettre de financer des investissements et non pas des charges courantes. Pour lui, le principal problème n’est pas la durée du travail mais son organisation. Les freelances travaillent souvent beaucoup plus que la durée légale mais avec une grande liberté pour s’organiser. Il s’agit de passer du « comment faire pour travailler moins » à « comment donner envie de travailler plus » !
Franck MOREL, avocat est un ancien conseiller social d’Edouard PHILIPPE. La France est à la traine concernant le nombre d’heures effectivement travaillées par les personnes en âge de travailler. Par rapport à la moyenne des autres pays européens, les français travaillent deux semaines de moins par an. Il y a un problème de la « promesse travail » qui ne paye pas assez. Il faut réenchanter le travail et pour cela il propose de remettre à plat « l’écosystème fiscalo-social ».
L’environnement
Comme ce billet est publié sur le site de Diag26000 signalons que l’environnement a aussi fait partie des débats. Par exemple quand Laurent ESCURE, secrétaire général de l’UNSA relie démocratie sociale et intérêt général. Pour lui l’environnement fait partie du pacte social et pas question de « découper les négociations comme les tranches d’un rôti ».

Jean-Michel BLANQUER, ancien ministre de l’éducation exerce maintenant plusieurs présidences, dont celle de l’institut Terra Academia. Il revient sur les défis démographiques qui attendent notre pays face à des continents qui ont des dynamiques très différentes. La réindustrialisation est nécessaire mais il nous faut aussi investir dans l’écologie. Pour cela il faut être attentif aux territoires, adopter une gestion adaptée à chacun d’entre eux. Ayant assumé des responsabilités sur différentes territoires, il regrette par exemple que les initiatives soient plus faciles à prendre en Guyane que dans l’académie de Créteil, plus proche de Paris et de l’élection présidentielle.
Cette journée était dédiée au dialogue social. Pour la Responsabilité Sociétale des Organisations il est aussi important d’introduire un minimum de dialogue pour construire des démarches durables. C’est pour cela que Diag26000 met à votre disposition le premier auto diagnostic utilisable par tous les niveaux hiérarchiques de l’organisation, même par les personnes encore néophytes en matière de RSE. Et depuis quelques mois vous disposez aussi d’une nouvelle solution pour donner la parole à vos parties prenantes externes avec le 360 RSE !