Les énergies fossiles
Les énergies fossiles ont été au centre des discussions de la COP28. Elles ont même eu la priorité sur les énormes masses financières qu’il faudrait parvenir à faire circuler efficacement pour corriger les déséquilibres entre les pays développés et ceux qui le sont moins. Le terme fossile m’a rappelé mon enfance. Les après midi passés, justement, à chercher des fossiles sur les terrils des houillères des cévennes. Ces empreintes de plantes datent de centaines de millions d’années. Elles rappellent que le temps mis par la Terre à nous offrir ces énergies enfouies n’a rien à voir avec l’échelle du temps humain.
J’ai pris le temps d’ailleurs, dans ma newsletter mensuelle disponible sur Linkedin, de revenir sur l’histoire des charbonnages de France et des Cévennes. 3 à 4 générations ont suffit pour extraire tellement de charbon que l’extraction du restant ne semblait plus rentable. Toutes les mines de charbon ont fermé en France. La Chine continue en revanche à construire de nouvelles centrales à charbon.
Cette COP28, a aussi été l’occasion de débats entre CCS et CCU. Faut-il considérer le CO2 comme un déchet à séquestrer ou au contraire une ressource qui pourrait plus tard être exploitée. (voir l’article détaillé de Dominique Chauvin sur lesEchos). Le terme « unabated fossil fuels » était dans bien des discussions : ces énergies extraites sans être accompagnées de dispositifs permettant de réduire la quantité de gaz à effet de serre émise tout au long de leur cycle de vie sont-elles les seules condamnables ? Ce terme de « unabated » est finalement visible une seule fois, sous forme de remarque, parmi les 196 bullets points de la déclaration définitive du 13 décembre (Accelerating efforts towards the phase-down of unabated coal power…). Compenser me semble nécessaire mais ne cela ne rattrapera jamais les millions d’années évoqués plus haut…
Pétroliers = ennemis ?
La COP28 a été précédée de débats et d’alarmes sur la personnalité et les responsabilités professionnelles de son Président. Le Sultan Al-Jaber, par ailleurs PDG de la compagnie nationale émiratie, était-il bien placé pour parvenir à un accord de qualité ? Il eut bien quelques frayeurs lundi 11 décembre avec un premier texte qui semblait écrit par ou pour les pays producteurs d’hydrocarbures. Difficile de deviner ce que Al-Jaber pensait de cette proposition de texte. Mais la ferme opposition de l’UE, des USA et d’autres pays lui a permis de relancer les négociations et d’aboutir à la version du 13 décembre. Ce texte final est reconnu comme un vrai succès : le « début de la fin » de l’ère du charbon, du pétrole et du gaz.
Ces débats ne sont pas sans rappeler la fronde de certains étudiants, sortant de nos grandes écoles, qui refusent les postes proposés par des entreprises comme Total ou les grands chimistes. Quelle est l’attitude la plus efficace : leur tourner ainsi le dos ou accepter d’en faire partie afin de faire bouger les choses de l’intérieur ? N’hésitez pas à faire part de votre avis en commentant ce billet…
La méthode
Ceux qui me connaissent bien savent mon attachement aux méthodes de travail en groupe innovantes. Surtout sur des sujets aussi importants que l’avenir de la planète. Il est désolant de voir que les décisions ne sont basées que sur des joutes verbales sur un mot, un adjectif, une courte phrase… d’un document qui va en comprendre des centaines, regroupées dans plus d’une vingtaine de pages. Je suis toujours sidéré par ces photos qui montrent une personne en train de parler sans même une projection pour soutenir son discours. La salle est tellement grande qu’il faut des écrans géants pour présenter l’orateur et avoir quelque chance de déceler des indices non verbaux dans son allocution.
La plupart des participants ont reconnu qu’Al-Jaber avait vraiment retroussé ses manches. Il a pris à partie différents négociateurs pour les exhorter à faire preuve de pragmatisme et flexibilité. Cela semble inévitable lorsque tout est basé sur de l’oral. Mais d’autres techniques sont disponibles pour dégager des consensus (ou au contraire isoler clairement des points de divergence…). Personnellement j’ai plusieurs fois pu constater la puissance des cartes d’idées, en particulier dans des contextes de travail multi-langues. La présentation visuelle des idées fait baisser la barrière des langues. Les possibilités de regroupement, classement, qualification de la plupart des outils de mind mapping rendent ces travaux encore plus efficaces. Je présente une partie de ces méthodes dans mon livre sur les réunions assistées par informatique dont est tirée l’illustration ci-dessous.
Les datas Diag6000
Pour terminer, comme nous sommes sur le blog de l’association DIAG26000, jetons un œil sur la façon dont les +20.000 diagnostics déjà enregistrés par notre diagnostic interactif permettent d’illustrer les débats récents sur l’environnement. Attention, il s’agit ici essentiellement d’évaluations d’entités françaises. Les résultats en Chine ou sur d’autres continents seraient sans doute fort différents.
Pour faire hommage à la COP28, nous vous proposons une analyse des 4 domaines d’actions de la norme ISO26000 regroupés sous la « question centrale environnement ». Dans la grille DIAG26000, chaque domaine d’action est représenté par une question. C’est l’analyse des réponses à ces 4 questions que nous vous proposons d’explorer.
Pour l’analyse en fonction de la taille de l’entreprise, nous avons fait le choix de distinguer 2 blocs sur lesquels les réponses sont en grand nombre dans la base de données. Les petites structures qui comprennent de 10 à 250 personnes, et les grandes structures, de plus de 10.000 personnes. Les grandes structures sont en avance sur la plupart des points. C’est sur l’atténuation des changements climatiques que l’avantage avec les petites structures est le plus important : 13 points d’écart. C’est la protection de l’environnement et de la biodiversité qui parait en retard sur les 3 autres sujets.
L’analyse des réponses en fonction du niveau hiérarchique du participant est aussi éclairante. Alors que bien souvent les réponses des cadres se situent entre celles des dirigeants et celles de collaborateurs, sur ces 4 items, les réponses des cadres sont de façon régulière moins positives que celles des dirigeants, certes, mais aussi de celles des collaborateurs, ce qui est moins fréquent. La faiblesse sur la question « protection de l’environnement et de la biodiversité » se retrouve ici avec tout juste une réponse positive sur deux pour les cadres.
Je rappelle que les données présentées ici sont globales. Elles portent sur l’ensemble des 20.000 diagnostics. Cela est probablement différent chez vous. Donc n’hésitez pas à réaliser votre propre autodiagnostic. Vous pourrez même vous comparer avec l’ensemble des réponses en fin de questionnaire !
Rétroliens/Pings