Delphine Augereau, vous occupez le poste de responsable QSE/RSE chez Solicis, pouvez-vous nous parler de votre société ?

Solicis est une entreprise du service numérique née il y a 12 ans, qui conçoit, développe, héberge et maintient en conditions opérationnelles des solutions technologiques sur mesures pour ses clients. Christophe Perier et Arnaud Seguela, dirigeants associés ont toujours eu pour ambition de faire progresser Solicis de manière sobre et durable. La vision partagée est d’assurer la pérennité de l’entreprise tout en limitant l’impact environnemental de l’activité lié au numérique et en participant positivement au développement de son écosystème social. Solicis évolue aujourd’hui grâce à ses 18 collaborateurs partageant ces mêmes valeurs et complètement impliqués dans cette démarche.

Le siège social est situé à côté d’Angoulême, dans les Charentes. Mais nous avons aussi plusieurs salariés basés dans la région de Toulouse qui travaillent à distance. Nous leur louons sur place un co-working dans lequel ils se retrouvent 3 jours par semaine. Cela nous rapproche d’ailleurs du sujet de cet entretien puisque cet espace de co-working se situe dans la Cité de la RSE (sourire).

L’aspect social du recrutement est important aussi. Nous travaillons sur des technologies diverses et variées pour nos clients qui sont, entre autres, de grands noms de l’industrie. Ces projets très complexes demandent de maîtriser énormément de technologies différentes. Mais nous n’embauchons pas que des Bac+5. Notre dernière recrue était un demandeur d’emploi en contrat de sécurisation professionnelle suite à un licenciement économique. Il n’avait pas sur son cv les compétences techniques requises mais nous avons ressenti un vrai potentiel chez ce jeune, une envie d’apprendre. Nous avons donc mis en place avec l’aide de France Travail d’abord une période d’immersion en milieu de travail puis une période de formation d’un mois et demi avant de pouvoir lui proposer un CDI.


Vous venez de décrire un recrutement original, pouvez-vous nous dire aussi quelques mots de votre parcours ? Comment êtes- vous devenue responsable QSE/RSE ?

J’ai d’abord travaillé pendant 22 ans dans la mise à disposition de personnel : des groupements d’employeurs et des agences de travail temporaire. Mais au moment du COVID je me suis posé des questions sur mes aspirations professionnelles. J’en avais assez de chercher des moutons à 5 pattes pour des entreprises qui souvent n’étaient pas prêtes à payer correctement les compétences qu’elles exigeaient. J’ai donc engagé une VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) avec l’appui de l’APEC. Les échanges avec ma conseillère Julie, m’ont permis de prendre conscience de mon intérêt pour la qualité mais aussi la sécurité. Car j’avais beaucoup travaillé dans le domaine de la tonnellerie à l’époque où les machines de travail étaient très dangereuses. On avait un taux d’accident du travail assez important. La personne accompagnante de l’APEC m’a naturellement conseillé de m’engager dans un cursus d’ingénieur sur la qualité, sécurité et l’environnement. Comme je suis aussi très sensible au développement durable, la réduction des déchets, de la consommation d’eau, j’ai choisi un cursus d’ingénieur QSE en alternance avec une option stratégie et RSE. Trouver une alternance , à plus de 40 ans n’est pas le plus facile ! J’avoue que j’ai eu beaucoup de chance car j’ai sollicité Arnaud en espérant qu’il diffuse mon CV vers son réseau pour m’aider à trouver une entreprise sensible au développement durable en recherche d’une alternante. Mais au lieu de cela il m’a rapidement proposé un poste en interne. Je suis donc entré en 2020 pour faire une thèse sur le numérique responsable et je travaille depuis chez SOLICIS.


Et vous avez ensuite directement démarré une démarche RSE ?

Nous avons d’abord commencé par viser une certification ISO9001 pour la qualité de services. Nous avons identifié les principaux processus des activités les plus importantes de l’entreprise et nommé un responsable pour chacun d’entre eux. Chaque responsable est garant de l’application de la norme qualité mais aussi de la sécurité du système d’information et d’autres éléments de RSE comme les conditions de travail, les risques psychosociaux aussi bien que les aspects environnementaux.

Quelques exemples concrets peut-être ?


Cela peut paraître anecdotique mais comme nous avons plusieurs fumeurs parmi nos collaborateurs et, nous avons cherché un moyen de ne plus mettre nos mégots à la poubelle, afin de les recycler.

Nos développeurs sont aussi très sensibles à l’impact du numérique et de nos activités au quotidien sur l’environnement. Nous avons lancé un plan de sobriété énergétique. Tout le monde s’y est mis. Nous favorisons la mise en veille de nos ordinateurs et de nos routeurs. Nous éteignons les machines à café la nuit. C’est très facile de trouver des solutions quand on s’y met de façon collective.

Et du côté des clients et des fournisseurs ?

Dans nos processus de vente, la RSE se traduit par le fait de ne vendre que ce dont le client a vraiment besoin. C’est un vrai facteur différenciant pour Solicis : ne pas vendre de solutions surdimensionnées. Ne pas tenter non plus de vendre à tout prix une nouvelle version alors qu’une maintenance de qualité permettrait de garantir le fonctionnement dans de bonnes conditions des logiciels déjà déployés.


Lors des phases de production nous testons au maximum pour assurer la qualité des pages web avec LightHouse et réduire les empreintes énergétiques avec l’éco-index. Nous sommes aussi attentifs aux conditions d’hébergement. Nos serveurs sont principalement hébergés dans les datacenters de OVH et Scaleway, deux acteurs qui surveillent de près le Power Usage Effectiveness, ce ratio qui permet de vérifier qu’un data center n’est pas trop gourmand en énergie par rapport aux données qu’il héberge.

Vous visez le label Numérique Responsable ?

Oui, nous sommes aussi en train de nous préparer à obtenir le label « numérique responsable ». L’empreinte carbone du numérique représente 4% des émissions mondiales en tenant compte de la fabrication des équipements et des infrastructures nécessaires (data centers), de la consommation énergétique de ces équipements et des réseaux ainsi que de la gestion des déchets numériques. Le label Numérique Responsable est un référentiel adapté aux activités des entreprises du service numérique et nous accompagne au quotidien pour éveiller les consciences et réduire progressivement l’impact énergétique de nos activités.

Pour avancer, et en qualité d’adhérent au SPN de Poitiers (cluster des Professionnels du Numérique) nous avons investi la communauté SRN (Sobriété et Responsabilité Numérique). Ce réseau regroupe 300 adhérents qui échangent entre pairs pour choisir les meilleurs outils open source pour évaluer les empreintes CO2 des logiciels que nous fabriquons mais aussi que nous utilisons. Par exemple, pour choisir un nouveau SIRH, la prise en compte de l’impact CO2 peut faire partie des critères de choix.

Déjà beaucoup d’actions donc ! Pourquoi avoir choisi d’utiliser aussi le RSE 360 ?

Le diagnostic RSE 360° proposé par Diag26000 vient compléter cette démarche en mettant au cœur de la réflexion nos parties prenantes, acteurs essentiels de la vie de l’entreprise, afin d’obtenir une vision à 360° de leurs perceptions respectives pour nous aider à améliorer nos actions RSE. Cette prise en compte de l’avis des parties prenantes améliore la transparence et la responsabilisation des acteurs internes et externes de l’entreprise. Elle permet également d’analyser nos axes forts mais aussi les axes de progrès sur lesquels nous devons agir pour répondre le plus précisément possible aux attentes de notre écosystème. Enfin, le compte rendu public des résultats que nous pouvons régulièrement mettre à jour, nous impose de prendre du recul sur ce que nous faisons et impulse une énergie positive pour nous remettre en question et nous donner les moyens de progresser sur un enjeu partagé par tous.

Notre budget n’étant pas illimité nous avons été rassurés par le tarif très abordable proposé par l’association Diag26000. Le système de logo cliquable et le QRCode associé est très pratique pour valoriser notre démarche RSE et partager de façon transparente une partie des résultats.

QRCode label 360 RSE

Et cela vous a permis d’identifier des axes de progrès ?


L’analyse des résultats montre à ce jour, que notre principal axe de travail porte sur les sujets et degré de communication auprès de nos parties prenantes. Pour exemple, nos tiers vont répondre que nous prenons les mesures permettant de réduire nos impacts sur le changement climatique alors que nos fournisseurs vont répondre le contraire : Cette lecture des résultats, au-delà d’affiner notre prise en compte des attentes de notre écosystème, nous permet de mieux identifier les acteurs intéressés par nos actions, de valoriser notre démarche RSE et d’imaginer des solutions innovantes pour communiquer de manière utile et ciblée auprès de nos interlocuteurs.