La COP 27 est un événement important concernant la question climatique. Cette COP27 s’est déroulée en Egypt à Charm el-Cheikh du 6 au 18 novembre 2022. Elle fait le lien entre la précédente COP 26 de Glasgow qui avait finalisé les règles d’application de l’Accord de Paris et la future COP28 de Dubaï en 2023. Des chefs d’État et de gouvernement, des responsables de collectivités et des acteurs non étatiques ont participé à ces deux semaines de négociations et d’événements. Quelles sont les conclusions de leurs travaux ?
Compenser les dommages
Le GIEC nous alerte depuis plusieurs années sur la nécessité de limiter la hausse des températures à 1,5°C et publie aussi des rapports spécifiques portant sur les catastrophes et les phénomènes extrêmes. Ces catastrophes surviennent hélas souvent dans les pays les moins développés qui ne prennent qu’une faible part au réchauffement climatique. Les fortes inondations survenues au Pakistan en juin 2022 qui ont causé de nombreux dégâts (1 700 morts et 7,9 millions de déplacés) sont un exemple récent de catastrophe naturelle.
Les pays victimes de ces éléments exigeaient depuis longtemps un dédommagement des préjudices subis et la COP 27 présente une réelle avancée sur ce point avec la mise en place d’un « fonds de perte de dommages ». Le Danemark a été le premier pays à annoncer sa participation à hauteur 13 millions de dollars.
Un mécanisme complémentaire est le « bouclier mondial contre les risques » lancé par l’Allemagne et déjà approuvé lors de la réunion du G7 en juin. Il est impatiemment attendu par tous les 58 membres du V20 qui regroupe les pays plus vulnérables aux dégâts climatiques. Ken Ofori-Atta ministre des Finances du Ghana et Président du V20 estime ainsi les dégâts déjà subis depuis 2000 à 525 milliards de dollars. Ce bouclier vise à contrer les faiblesses des structures de protection financière dans ces pays vulnérables (on parle de financement « pré-organisé »). Ce « global shield » inclut des systèmes d’assurance contre les dégâts causés aux récoltes, aux bâtiments ou contre l’interruption d’activité d’une entreprise. Ce nouveau système a déjà recueilli plus de 170 millions d’euro. Les premiers états qui pourront en bénéficier seront : le Bangladesh, le Costa Rica, les Iles Fidji, le Ghana, les Philippines, le Sénégal et le Pakistan.
La COP 27 a aussi décidé de renforcer le Réseau de Santiago (inventé à la COP25) d’ici-là COP28. L’objectif serait de catalyser l’assistance technique aux pays en développement pour les pertes et dommages, pays particulièrement vulnérables aux effets négatifs du changement climatique (exemple d’actions : évaluation des besoins, connexion avec des organisations appropriées…).
Emmanuel Macron a pris la parole pour annoncer la création d’un nouveau groupe de travail pour proposer des « financements innovants pour le climat » ainsi qu’une réforme des règles du jeu des grandes institutions financières. « Nous avons besoin d’un grand choc de financements concessionnels (à conditions préférentielles, NDR) et il est au cœur du débat qu’avec raison beaucoup de leaders ont mis sur la table autour des pertes et préjudices. Ils nous ont tous vu, nous les pays les plus riches, au moment de la pandémie, mobiliser des financements exceptionnels. Et ils nous disent que ce qui leur arrive est exceptionnel mais qu’on revient au business as usual. Ils ont raison, ça ne peut pas être le business as usual ». Emmanuel Macron s’est aussi attardé sur la question de la biodiversité : il a annoncé un programme de préservation.
Les chiffres issus des +17.000 diagnostics enregistrés par DIAG26000 montrent que les collectivités territoriales semblent plutôt en retard sur cette lutte contre le changement climatique.
Trouver 100 milliards d’euros de financement
Les pays riches (G20) sont responsables de 80% des émissions mondiales et ce sont les pays les plus pauvres (surtout le continent africain) qui en sont les victimes. Ces pays riches ont donc pris, depuis 2020, un engagement de financer à hauteur de 100 milliards chaque année la transition des pays émergents. Cependant, « seulement » 83,3 milliards ont été versés. L’objectif de versement de 100 milliards de dollars par an a été repoussé à 2023.
Le dialogue de Glasgow, mis en place lors de la COP26 en 2021, est le fruit de négociations intenses entre près de 200 pays. Les points qui ont été approuvés par le pacte de Glasgow pour le climat sont les suivants : reconnaître l’urgence, accélérer l’action, abandonner les combustibles fossiles, assurer le financement en faveur de l’action climatique, renforcer le soutien à l’adaptation etc.
Cependant, lors de la COP 27 il n’y a eu aucun nouveaux objectifs par rapport à la COP Glasgow à part une légère réduction des émissions de gaz à effet de serre.
S’adapter
Les gouvernements ont aussi mis en place un « comité de transition » permettant de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux mécanismes et le fonds pour préparer la COP28 en 2023. La première réunion de ce comité devrait se dérouler fin mars 2023. Annonçant un total de 105,6 millions de dollars de nouveaux financements, le Danemark, la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Région wallonne de Belgique ont souligné la nécessité de soutenir encore davantage les fonds du Fonds pour l’environnement mondial destinés à répondre aux besoins immédiats d’adaptation au climat des États de faible altitude et à faible revenu.
La France est le leader de la transition écologique : forte augmentation des moyens consacrés aux transitions écologiques et énergétiques dans le budget 2023 (19 milliards d’euros pour accélérer la décarbonation de nos modes de vie). Cependant, interpellé par plusieurs ONG, depuis 2021 le Conseil d’Etat condamne l’Etat à payer une certaine somme pour son incapacité à ramener les niveaux de pollution de l’air au-dessous des seuils réglementaires sur l’ensemble du territoire. Cette somme s’élève aujourd’hui à 30 millions d’euros, 10 millions en 2021 puis 20 millions en 2022.
En Grande Bretagne, Rishi Sunak, le nouveau premier ministre britannique, a demandé l’accélération de la transition vers les énergies renouvelables.
De nouvelles promesses de dons, d’un montant total de plus de 230 millions USD, ont été faites au « Fonds d’adaptation lors de la COP 27 ». Ces promesses aideront beaucoup plus de communautés vulnérables à s’adapter au changement climatique grâce à des solutions d’adaptation concrètes
Certains dénoncent une insuffisance des montants promis par rapport aux besoins d’atténuation et d’adaptation des pays vulnérables. Par exemple 70 % des financements publics versés seraient, en réalité, des prêts prudemment accordés aux pays en développement classés dans les revenus moyens plutôt qu’aux plus pauvres d’entre eux. Cette situation entraîne des conséquences budgétaires et économiques néfastes pour des pays contraints à rembourser leur dette plutôt qu’à investir dans la transition et l’adaptation.
Le président de la COP 27, Sameh Shoukry, a annoncé le programme de travail d’adaptation de Charm el-Cheikh, qui renforce la résilience des personnes vivant dans les communautés les plus vulnérables au climat et qui permet d’intensifier de toute urgence les ambitions et la mise en œuvre de l’atténuation. Ce programme débutera juste après la COP 27 et se poursuivra jusqu’en 2030. Il a été demandé au Comité permanent des finances d’ONU Climat de préparer un rapport sur le doublement du financement de l’adaptation pour examen lors de la COP 28 l’année prochaine.
Net zero
Le Net zero désigne le fait de réduire à un niveau le plus proche possible de zéro les émissions de GES (Gaz à effet de serre). Le groupe d’experts de haut niveau du Secrétaire général des Nations unies a publié un rapport lors de la COP 27, servant de « guide pratique » pour garantir des engagements nets zéro crédibles et responsables de la part de l’industrie, des institutions financières, des villes et des régions.
Ce rapport porte sur le besoin de régulation, un plan clair sur l’élimination progressive des fossiles, d’un lobbying « aligné », de l’utilisation des scopes 1 à 3 des bilans carbones…
Il préconise dutiliser des crédits carbones à haute intégrité seulement afin de contribuer à l’atténuation au-delà des émissions dans la chaîne de valeur et non pas afin de compenser ses propres émissions. Le « Carbon Neutrality Coalition » est un cadre pour construire et mettre en œuvre les engagements net zéro des pays (gouvernance, alignement de la finance)
Un bilan mitigé
Les délégués de la COP 27 ont conclu le premier bilan mondial, mécanisme visant à renforcer l’ambition de l’Accord de Paris. Ce bilan est assez mitigé : en effet, 200 pays ont donné leur accord pour créer un fonds permettant de compenser les pertes et préjudices mais d’un autre côté aucune nouvelles mesures n’est prévue pour limiter les émissions de GES.
Le secrétaire général des nations unis organisera « un sommet sur l’ambition climatique » en 2023 avant de faire la conclusion du bilan de la COP 28.
Rétroliens/Pings