10 ans après l’accord de Paris, la COP 30 a réuni plus 56.000 personnes provenant de presque 200 pays. Quel est le bilan de cette COP 30 ? Vous avez certainement déjà lu différents articles. Mais cela me semblait important de partager sur le blog Diag26000, notre vision des bonnes surprises et des déceptions.

Les USA n’ont envoyé aucune délégation officielle de haut niveau. Cela se comprend compte tenu l’attitude de Donald Trump vis-à-vis du changement climatique. Mais c’est regrettable puisque ce pays garde une responsabilité importante dans les émissions de CO2 et la possibilité de limiter le réchauffement en cours. Cela n’a pas empêché certains responsables américains, par exemple le gouverneur de Californie Gavin Newsom, de prendre part aux débats via une délégation alternative.

Belem se situe au Brésil, en Amazonie, une des régions clés pour la préservation des forêts tropicales, de la biodiversité et de la justice climatique. Les grandes zones vertes et bleues de cette photo satellite soulignent à quel point la ville de Belem est venue grandir au milieu de zones qui sont longtemps restées sauvages.
L’hébergement des délégations a été un vrai défi. Habituellement des logements sont disponibles sur Belem pour moins de 50 dollars la nuit. Pendant la COP les prix affichés par booking et airbnb se comptaient en milliers de dollars par nuit ! Face au manque de logements disponibles, des bateaux de croisières ont même été utilisés afin d’héberger une partie des participants. Même sur ces bateaux, les nuitées restaient au-dessus de 200 dollars en moyenne. Est-il bien raisonnable de décider de rassembler autant de personnes dans une cité qui n’a pas été conçue pour cela ?
Autochtones et Justice climatique
La justice climatique était bien représentée avec 3.000 représentants des peuples autochtones. Ce chiffre de 3.000 personnes peut sembler important mais il ne représente guère plus de 5% des participants. Plusieurs délégations de pays directement menacés par la montée des eaux étaient présentes aussi,

Les organisateurs ont cherché à valoriser la présence de ces personnes souvent en tenue colorées. Initiées entre autres par les Tupinambas, quelques bousculades ont eu lieu avec les forces de sécurité. Elles étaient le signe d’un mécontentement de la façon dont leur présence était encadrée. Car peu d’entre eux ont eu accès à la zone bleue dans laquelle les négociations se déroulaient : 360 environ. Gilles Vermot-Desroches, présent plusieurs jours à Belem, confirme cette perception. La présence de plusieurs dizaines de milliers de personnes favorise bien le brassage des cultures. Mais les négociations finales destinées à préparer les textes impliquent un cercle beaucoup plus restreint de décideurs politiques. La participation de la société civile est faible dans cette dernière phase.

Le sommet a abouti à des engagements historiques pour sécuriser les droits fonciers des peuples autochtones. Un financement va accompagner la protection de ces droits. La France est dans une position délicate sur ce point. Car notre constitution exige que tous les citoyens soient égaux devant la loi. Elle exclue donc la reconnaissance de différentes catégories de citoyens et la mise en place de « privilèges ethniques ».
Le lancement du mécanisme pour protéger les forêts tropicales (Tropical Forest Forever Facility, TFFF) concerne aussi directement ces populations. 20 % des ressources de ce fonds sont destinées aux peuples autochtones et communautés locales. Ce fléchage prouve une reconnaissance de leur rôle important dans la protection des forêts. Hélas, dans le même temps, l’UE est en train de reculer sur la protection des forêts. (voir article du journal Le Monde)

Le poids de la Chine
Compte tenu de l’absence des délégations officielles des Etats Unis, la délégation de la Chine était la plus importante, juste derrière celle du Brésil, pays hôte. La Chine est aujourd’hui le premier émetteur de gaz à effet de serre. Mais cette nation est aussi très présente dans le développement des technologies de la transition. Il s’agit donc pour eux d’afficher une réelle attention portée au climat, même si les objectifs retenus restent peu ambitieux, mais aussi de renforcer leur domination économique. Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, est d’ailleurs arrivé à la Conférence à bord d’une voiture de la marque BYD ! Ce grand groupe chinois vient justement d’ouvrir une usine au Brésil.

Les fossiles sont encore là
Une fois de plus une COP se termine sans consensus sur la nécessité de sortir des combustibles fossiles. Les pays se sont mis d’accord pour tenter de mobiliser plus d’un trillion de dollars (mille milliards) d’ici 2035. Ils seront utilisés pour contrer les effets de ces fossiles que nous continuons à utiliser (atténuation, adaptation, etc.). Mille milliards, c’est aussi la rémunération personnelle que demande l’homme le plus riche du monde pour continuer à diriger la société de voiture électrique qu’il a créée. Le fait que les mêmes montants soient évoqués pour sauver la planète ou enrichir un seul homme montre que les inégalités ne sont pas en train de disparaître (voir le billet patrimoines communs).

Les énergies fossiles font tellement partie de notre monde que leur vocabulaire est même utilisé pour parler des financements ! Ainsi en préparant ce billet je tombe sur un texte qui propose « des pipelines de projets d’adaptation ». Peut être faudrait-il plutôt parler de goutte à goutte. Cela pour faire en sorte que ces financements parviennent bien dans les portes monnaies de ceux qui en ont vraiment besoin…
le commerce international
Le choix de Belem était aussi un symbole des évolutions rapides des équilibres internationaux en matière de commerce. Car la ville a connu ses heures de gloire à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle grâce à l’exportation du latex amazonien. Mais la concurrence des plantations asiatiques (déjà !) a provoqué l’effondrement du prix du caoutchouc et amené la ville à se réinventer.

L’Asie était encore bien présente dans les débats, avec le poids des représentants de la Chine et de l’Inde. Ces pays ont poussé pour mettre en place un accord de révision des échanges commerciaux, une première pour une COP sur le climat. L’accord a également réaffirmé que les mesures climatiques, y compris unilatérales, ne doivent pas créer de restrictions commerciales arbitraires ou discriminatoires.

Une charge directe donc contre le futur mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) que l’UE a prévu de mettre en place en 2026 pour compenser l’importation de biens à forte intensité en carbone comme le béton ou l’acier. Par la voix de Wopke Hoekstra, commissaire européen au climat, l’UE a tenu bon en rappelant que le MACF est un outil climatique, visant à garantir que les émissions ne s’échappent pas de l’Union européenne et non une mesure commerciale. De toute façon, parler de l’organisation des droits de douanes en l’absence des représentants des USA passés maîtres dans les décisions brutales et unilatérales a-t-il du sens ?
Le genre
Si l’on peut s’étonner de voir une conférence sur le climat se préoccuper des règles du commerce mondial. Une autre surprise de cette COP était la prise en compte du genre. Le « Belém Gender Action Plan » met en place un cadre mondial pour intégrer la justice de genre dans l’action climatique pour la période 2026–2034. Il demande aux états signataires de prendre en compte les inégalités liées au genre dans la conception, la mise en œuvre et le financement des politiques climatiques. Il inclut des mesures pour soutenir des personnes souvent marginalisées — femmes autochtones, femmes rurales, femmes afro-descendantes, femmes en situation de vulnérabilité, personnes transgenre… Ces débats n’ont pas toujours été faciles. Certains états conservateurs insistaient par exemple pour limiter la question de genre au sexe biologique.
Le Père Noël
Et puis, comme nous approchons de Noël, signalons qu’il y a eu, parmi les nombreuses manifestations, une action « Père Noel durable » avec, en toile de fond, les 17 Objectifs du Développement Durable. Diag26000 ne peut pas offrir un cadeau à chaque lecteur. Mais si vous cherchez des bonnes pratiques, allez-donc faire un tour sur le site BonnesPratiques.pro . Les bonnes pratiques y sont classées selon 3 modèles de recherche, dont justement ces 17 ODD !

