Jeudi 28 mars, Maddyness organisait sa MaddyKeyNote annuelle au Palais Brogniart. L’occasion de participer à des tables rondes intéressantes et découvrir quelques nouvelles startups. Comme nous sommes sur le blog de DIAG2600 prenons le temps de jeter un regard RSE sur ces interventions et démonstrations.
Pas beaucoup d’éléments de RSE dans le discours d’ouverture de Marina Ferrari, notre nouvelle Secrétaire d’Etat chargée du Numérique. Rassurant de savoir qu’elle a aussi œuvré dans le numérique et le logiciel libre avant de rentrer en politique. Mais sa feuille de route, fixée par notre Président, tient en 3 mots : innover, innover et innover. Beaucoup d’investissements donc, l’IR-PME pour les favoriser et des règlements européens pas trop contraignants pour nos startups. A peine a-t-on évoqué la notion de numérique responsable en soulignant au passage que la France a la chance de pouvoir profiter d’une énergie peu carbonée grâce à son parc nucléaire.
Stanislas Niox-Château dirigeant de Doctolib nous a partagé sa vision du numérique en santé. Nous avons encore un des meilleurs systèmes de santé au Monde mais il est en danger. Pour lui nous avons donc le choix entre recruter 10 millions de soignants ou faciliter le travail des soignants grâce à la technologie. La première option étant peu réaliste il milite donc pour la seconde. Il ne s’agit pas de remplacer les soignants mais de les assister efficacement. Sachant qu’une consultation dure en moyenne 17 minutes, comment les préparer pour qu’elles soient le plus efficaces possible. Pour Stanilas, le professionnel doit avoir accès à l’ensemble des données de son patient et être assisté par l’IA dans la phase de diagnostic. Pour que le numérique en santé ne soit plus considéré comme un fardeau, il espère des technologies simples à utiliser mais qui provoquent aussi de l’empathie, remettent l’humain du centre. Sera-t-il rassuré d’apprendre que la surcharge administrative fait aussi partie des points abordés par le nouveau projet visible sur soignonslasante.fr ?
La première table ronde regroupait Eleonore Crespo (Pigment), Cedric O (Mistral AI, artefact) et Cyrille Vincey (Bain & Company) avec Louis Carle (Maddyness) à la modération. Comme dans le discours d’introduction de Marina Ferrari il fut beaucoup questions d’investissements. Un consensus pour regretter que les GAFAs et les fonds de pension américains soient souvent les seuls à accepter de prendre des risques au démarrage des startups. Mais les problématiques RSE étaient souvent très proches de certains propos.
Ainsi lorsque Cedric O s’inquiète de voir que 10 sociétés seulement (dont Mistral AI fait partie) emploient environ 1.000 personnes très bien rémunérées (plusieurs millions de dollars par an pour les ingénieurs IA aux USA) sont en train de façonner le monde de demain sans réel contrôle. Il est évidemment promoteur des effets bénéfiques de l’IA, en citant par exemple les 13 radiologues présents au Rwanda qui ont chacun un million de patients à suivre. Il souhaite éviter les dérives de systèmes IA non contrôlés mais en même temps il regrette que les français restent trop frileux, champions des hésitations autour de « la technologie va-t-elle changer le monde ou nous asservir ».
L’évolution des emplois et des conditions de travail a aussi souvent été abordée, comme souvent lorsque l’on parle d’IA. Cyrille Vincey explique que dans les grands groupes, les processus d’achats et la gestion des appels d’offres sont pratiquement déjà toujours assistés par de l’IA aussi bien côté fournisseur que client. Les discussions ‘bot to bot’ ne sont pas encore la norme mais elles se rapprochent. Toutes les entreprises avec lesquelles il travaille sont en réflexion sur les changements de la relation clients. Le principal objet des réflexions stratégiques porte sur l’évolution de la collaboration entre l’homme et la machine pour les collaborateurs en contact avec les clients
Eleonore Crespo s’inquiète aussi pour certains emplois. De nombreux métiers risquent de disparaître avec l’arrivée de l’IA, des métiers souvent occupés par des femmes ou des minorités. Mais elle pointe aussi que, en même temps, la diffusion de l’IA peut démocratiser l’accès à l’information et permettre à ces populations à risque d’évoluer vers d’autres fonctions. Elle dénonce aussi un défaut assez classique de bien des projets de changement. Seulement 28% des dirigeants pensent former leurs collaborateurs à l’IA !
La MaddyKeyNote c’est aussi un espace d’exposition avec les stands de quelques startups. Loin des discours intéressants mais trop souvent théoriques des tables rondes, on rentre alors dans du concret. En voici quelques exemples.
Alors que les fauteuils roulants électriques sont souvent très onéreux, Omni propose de transformer un fauteuil roulant classique en lui associant une trottinette électrique. Une solution qui commence juste en dessous de 1.000 euros et qui permet d’offrir jusqu’à 70 km d’autonomie.
Toujours dans la mobilité, Teebike a conçu un système simple pour rendre électrique votre vélo classique, pas encore électrique. Il suffit de remplacer la roue avant du vélo par une roue contenant la batterie et le moteur électrique que l’on peut piloter via son smartphone.
Virtuoz propose des plans 3D pour aider les personnes mal ou non voyantes à se déplacer dans un lieu inconnu. Sur ces plans simplifiés l’utilisateur touche du doigt différents symboles. Il se constitue une image mentale claire de son environnement avec des informations sonores associées à chaque détail qui enrichissent sa compréhension du lieu.
Pensant aussi aux non voyants, Touch2see propose de suivre les matchs avec sa tablette. Un curseur magnétique indique en temps réel l’emplacement du ballon et la vibration traduit l’intensité du jeu. Une audio description apporte aussi des informations précises sur le jeu. Ces informations sont-elles aussi agréables à écouter que les élans de certains commentateurs sportifs dont les phrases clés sont entrées dans la légende ? Peut-être bien, « mais cela ne nous regarde pas… »
Afin que tout le monde puisse faire du sport, Kunto a imaginé une approche inclusive, prenant en compte les handicaps ou la pathologie de chaque personne. Des exercices sportifs adaptés, une approche complémentaire de la nutrition et des rendez-vous possibles avec des experts.
Toujours dans le domaine du sport, LudHealth veut que chacun prenne plaisir à se lancer dans des activités physiques. Pour cela ils innovent sur les matériels et les usages avec une pointe de technologie. Cela me rappelle le jour où l’EyeToy est arrivée dans notre famille, il y a plus de 20 ans. Alors qu’auparavant les seules activités ludiques physiques de mes fils étaient celles des pouces sur les tablettes tactiles, les enfants se sont mis à sauter et bouger en face de la télévision.
Bravo à l’équipe Maddyness pour la qualité des échanges lors des tables rondes et pour permettre à ces initiatives inclusives d’être mieux connues ! Certaines mériteraient d’être déjà dans la base bonnespratiques.pro.