En règle générale les jeunes gens qui choisissent d’intégrer l’École polytechnique après leurs classes préparatoires se destinent à être de grands serviteurs de l’État et à marcher au pas, au moins lors du 14 juillet. La révolte qui s’est installée au sein de cette école prestigieuse, supportée  par une majorité d’élèves mais aussi d’anciens élèves via l’association la Sphinx, semble donc tout à fait exceptionnelle

 il est vrai qu’elle a été alimentée par des éléments externes, en particulier GreenPeace, qui est venu apposer une banderole sur le bâtiment principal de l’école pour refuser l’implantation du centre recherche de Total sur le terrain de l’école

Choix difficiles !

Difficile de trancher : est-ce que c’est bien ou pas qu’un grand groupe français comme Total s’engage dans un partenariat avec une école dont les laboratoires de recherche sont réputés au niveau mondial ?

Les jeunes diplômés se retrouvent aussi en face d’un choix cornélien :

• faut-il refuser d’aller travailler dans un grand groupe pétrolier qui gagne de l’argent en dégradant le climat ?
• faut-il au contraire intégrer un tel groupe afin d’avoir une chance de le faire changer de l’intérieur et voir ses pratiques évoluer ?

Conflits d’intérêt ?

Ces choix sont difficiles et nous ne sommes pas là pour vous donner la bonne réponse. Par contre il nous semble intéressant de prolonger la réflexion sur les possibles conflits d’intérêt. Une partie des 61% d’élèves opposés à ce projet d’après un récent sondage étaient surtout révoltés par la façon dont Patrick POUYANNE, PDG de Total et membre du CA de l’Ecole Polytechnique aurait facilité ce mariage entre son ancienne école (promo 83) et le groupe qu’il préside.

Pour y voir plus clair sur ces conflits d’intérêts potentiels, je vous propose un focus sur l’analyse des +13.000 réponses enregistrées par DIAG26000 sur cette question, la seconde de la rubrique “loyauté des pratiques” de la norme ISO26000 

L’entité encourage le développement de politiques publiques responsables.
Elle veille à éviter les conflits d’intérêt, les abus d’autorité, d’influence ou de manipulation.

Des cadres en alerte

L’analyse en fonction du niveau hiérarchique met en évidence une forte sensibilité de l’encadrement sur ce sujet. Alors que sur la plupart des autres questions les cadres sont bien souvent dans une position intermédiaire entre les dirigeants et leurs collaborateurs, ils sont ici globalement les plus critiques sur cette question.

Avantage petites structures

Comme sur bien des items de DIAG26000, ce sont les petites structures qui semblent en pointe avec un taux d’avis négatifs bien inférieur aux autres tranches d’effectifs.

Un score négatif inquiétant de 30% pour les entités entre 5.000 et 10.000 personnes. Ces entreprises de taille intermédiaire sont-elles donc plus facilement confrontées à des conflits d’intérêts et des tentatives de manipulation ?

Des administration très sensibles

La répartition des avis négatifs en fonction du type d’entité montre que les administrations sont particulièrement attentives à ces notions d’engagement politique responsable. Elles sont suivies de prêt par les collectivités territoriales. L’écart est important avec les entreprises pour lesquelles les avis négatifs sont deux fois plus nombreux.

Si des responsables de l’Ecole Polytechnique sont venus utiliser DIAG26000 ils ont certainement coché cette case “administration”. Cette forte sensibilité explique-t-elle la réaction de rejet face au projet Total ?

Signalons que l’histoire semble évoluer vers un happy end avec un centre de recherche de Total finalement installé sur le plateau de Saclay, à proximité des locaux de l’Ecole Polytechnique, sans être directement sur son terrain. Les laboratoires de l’X vont donc pouvoir aider plus facilement les dirigeants de Total à avancer vers une économie le moins carbonée possible …

N’oubliez pas que vous pouvez aussi faire le point sur la RSE dans votre entité en 5′ avec notre outil interactif accessible en ligne : commencer mon diagnostic