Ce 16 mai l’Impact Tank et le groupe SOS organisaient au Conseil Economique Social et Environnemental la troisième édition du Sommet de la mesure d’Impact. Une journée entière sur le thème comment « Refaire société ». Un sujet particulièrement important alors que 80% des français disent ne pas faire confiance aux autres (Baromètre de la fraternité 2024 par Fraternité Générale).

amphiteatre du CESE lors de la journée Refaire société organisée par le groupe SOS et l'impact tank

Lors du lancement de la journée dans l’hémicycle au décor si particulier, nous avons entendu Thierry Baudet, Président du CESE regretter le détricotage en cours des normes CSRD. Car il faut pouvoir mesurer les impacts, sujet de la plupart des ateliers de la journée. Et les normes sont nécessaires pour permettre des mesures de qualité.

Thierry BAUDET, Président du CESE
Thierry BAUDET
Clément BEAUNE au CESE
Clément BEAUNE

Clément BEAUNE, Haut-Commissaire au Plan et dirigeant de France Stratégie est venu aussi nous rappeler que « Penser l’avenir est le 1er temps de l’action ». Car nous avons besoin de nous projeter ensemble et même avec une responsabilité particulière puisque « l’Europe est le continent de la RSE ».

Refaire l’économie autrement

Une première table ronde, animée par Ludovic DESAUTEZ, Directeur Délégué de la rédaction du journal La Tribune proposait d’échanger sur le thème « refaire l’économie autrement ».

table ronde au CESE : refaire l'économie autrement

Julien DENORMANDIE, Chief Impact Officer chez SWEEP et Senior Advisor chez Raise, critique sévèrement le système financier actuel. Ce dont on a le plus besoin n’est plus financé. Par exemple il n’y a presque plus de financement du logement puisque cela ne rapporte guère plus que 4%. Plus de fonds dans l’agriculture parce que le rendement à court terme n’existe pas et qu’il faudrait accepter le temps long.

Donner un prix aux externalités positives.

Il propose de renverser la table sur la profitabilité du capital. Il faut réglementer pour que les rendements uniquement financiers soient fiscalement pénalisés. Car la notion de capital humain et environnemental disparait de l’équation. Il faudrait donner un prix aux externalités positives lorsque l’on les protège. D’après son estimation, sur 27.000 milliards d’actifs, moins de 1% sont destinés à faciliter la lutte contre le changement climatique.

Natacha VALIA, Doyenne de l’Ecole du Management et de l’Impact à Sciences-Po continue sur la même ligne. La valeur ajoutée dégagée doit être allouée à ce qui permet de protéger les biens communs. Elle souhaite voir apparaître une distorsion sur les prix en fonction de leur empreinte carbone. Une charge particulière (à laquelle j’adhère à 200%) contre les cryptomonnaies et ces flux monétaires totalement perdus pour l’économie réelle.

Elle insiste aussi sur l’importance des sociétés à mission et du respect de leur raison d’être. Elle est membre du Comité de Gestion de la Banque Postale. Cela la confronte à la difficulté de prendre en compte le temps long pour faire évoluer la gouvernance de cette grande banque.

Prendre en compte le scope 4

Estelle BRACHLIANOFF, Directrice Générale de Veolia rappelle que l’eau est importante partout. Même dans l’état d’Arizona qui a largement voté pour Donal TRUMP, s’il n’y a pas d’eau il n’y a pas d’usine. Son groupe a mis en place un socle minimum social mondial pour homogénéiser les pratiques dans les différents pays. La raison d’être du groupe cite le progrès humain. Sur les 15 indicateurs suivis par le Conseil d’Administration, 4 seulement sont financiers. Les équipes de Véolia travaillent aussi sur le scope 4 pour mesurer l’effet des actions du groupe en dehors de sa chaîne de valeur. Elle propose de définir un concept de sécurité écologique. Il permettrait de protéger le pouvoir d’achat et l’accès à des produits sains.

Isabelle SUSINI, Directrice Générale de 1% For the Planet rappelle que, grâce aux entreprises décidant de reverser 1% de leur Chiffre d’Affaires, elle mobilise tous les ans 14 millions d’euros pour faciliter les projets de nombreuses associations engagées dans des projets environnementaux. Elle regrette par contre que seulement 7% du mécénat soit fléché vers des causes environnementales.

Jean-Hervé LOREZNI, Président du Cercle des Economistes, revient sur l’importance des courants démographiques actuels et le vieillissement de la population. Une évolution que les gains de productivité, en nette diminution, ne permettent plus de compenser. Pour refaire société il insiste sur la nécessité de redonner l’espoir à tous ceux qui ont l’impression d’être condamnés car l’ascenseur social a pratiquement disparu.

Réinventer l’entreprise : un défi pour la démocratie

En ouverture de la seconde table ronde Timothée DUVERGER, Enseignant-chercheur à Sciences-Po Bordeaux, rappelle que la plus ancienne démocratie n’est pas la France mais les Etats Unis. Cette démocratie est en train de vaciller. C’est la plus ancienne démocratie de l’époque contemporaine. Mais elle est aussi celle dans laquelle les inégalités sont les plus criantes. Certains états US reparlent du travail des enfants puisqu’il n’y a plus assez d’immigrés pour faire certains travaux.

En même temps, on voit apparaître aux US des projets de lois pour donner plus de pouvoir aux salariés, introduire plus de démocratie en entreprise. Cela peut paraître curieux dans l’ambiance actuelle US. Mais, même pour les républicains, il vaut mieux confier une entreprise aux salariés américains plutôt qu’à des acteurs étrangers. Cela n’empêche hélas pas l’apparition d’un découplage dangereux entre démocratie et marché.

table ronde au CESE : réinventer l'entreprise, un défi pour la démocratie

Pascal POUYET, Directeur Général du Crédit Coopératif, décrit la polarisation du monde en cours par pays et grandes zones géographiques. Il est important d’organiser la solidarité au bon niveau de territoire. Par exemple, en France, le portage à domicile des repas pour les personnes âgées est géré au niveau du département. Comment gérer les différences entre la Somme, département avec la moyenne d’âge la plus élevée et les Hauts de Seine, département avec les personnes les plus riches.

Il critique le fonctionnement de la démocratie en France. Elle demande des moyens financiers importants pour parvenir à se faire élire. Faire en sorte que l’on puisse porter sa candidature sans avoir besoin de gros moyens financiers reste un vrai défi.

Les banquiers savent que les risques sur les coopératives sont moins importants. Car ces organisations sont gérées sur le temps long. Les décisions prennent souvent plus de temps pour se prendre de manière collective mais il n’y pas de pression sur le rendement à court terme.

Frédéric FAURE, Vice-Président de BioCoop reconnait que le constat est souvent clair sur les manques de démocratie en entreprise. Mais il reste à trouver les moyens de passer à l’action. Son entreprise est organisée en SCOP avec dans les statuts des objectifs d’actions sur le territoire : embauches des personnes éloignées de l’emploi, appel à des fournisseurs locaux… Il insiste sur la nécessité d’investir dans la formation. Il faut aider les collaborateurs à faire face aux défis de la gestion en coopérative car les décisions se prennent moins vite, les règles du jeu sont différentes.

Inciter ou imposer ?

Emilie POIRSON, avocate et consultante sénior chez Quintet souligne que les modèles économiques des plates formes basées sur l’équilibre offre/demande sont très éloignés de la démocratie. Cela commence à s’organiser via des collectifs de chauffeurs ou livreurs, la mise en place de syndicats. Des élections libres ont été organisées et un pluralisme syndical s’installe pour protéger les garanties sociales. Une dizaine d’accords collectifs ont ainsi été signés pour formaliser les conditions d’exclusion, la lutte contre les discriminations…

Les ordonnances Macron de 2017 étaient censées favoriser un fonctionnement démocratique adapté aux besoins de l’entreprise. Mais concrètement peu de conseils d’entreprises ont été mis en place. Il y a eu peu d’engouement côté patronal et même côté syndical. Au niveau européen, la situation n’est pas plus brillante. Une enquête récente interrogeant les salariés de plusieurs pays d’Europe le confirme. Seulement 17% des collaborateurs ont estimé avoir été interrogés sur les changements importants de l’entreprise impactant leur travail.

Un bilan ?

Ce fut une Journée très riche en échanges, même si je n’ai pas pu assisté à l’ensemble de la journée. Il était de toute façon impossible de participer à l’ensemble des ateliers. Nombre d’entre eux avaient lieu en parallèle dans d’autres salles de travail du CESE. Il fallait donc faire des choix !

Un léger reproche concerne le « entre nous ». En circulant dans l’exposition j’ai croisé plusieurs de mes connaissances, toutes convaincues du bien fondé de faire bouger les choses. Le vrai souci reste donc de « contaminer » vers l’extérieur, de faire changer d’avis certains dirigeants. De ce point de vue, une solution technique permettant d’assister à distance aurait sans doute permis de sensibiliser plus de personnes encore. Les tables rondes étaient de qualité et méritaient d’être suivies par les futurs dirigeants formés dans nos grandes écoles, pour leur faire découvrir des modèles moins académiques. Mais peut être aurons nous droit à une replay des principales prises de paroles ?

Pour moi ce fut aussi la confirmation que DIAG26000 est sur le bon chemin en proposant une approche participative de la RSE. Car comment peut-on parler de démocratie dans une organisation sans permettre à l’ensemble des collaborateurs de s’exprimer sur ce sujet ? Que ce soit avec l’outil de cartographie participative en interne ou avec le 360 RSE qui donne la parole à l’ensemble des parties prenantes, les collaborateurs sont toujours amenés à s’exprimer ! Pour (re)Faire société il faut aussi savoir écouter !

DIAG26000
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