Après les secousses de cet été qui a vu les incendies puis les inondations se multiplier, le débat revient sur les actions nécessaires pour sauver notre planète. Et bien entendu la biodiversité est au cœur des débats du Congrès Mondial pour la Nature organisé par l’UICN en ce moment à Marseille. Ce qui est surprenant c’est que la plupart des débats portent sur le financement de cette protection de la biodiversité. Un peu comme s’il suffisait de mettre de l’argent sur la table.
Côté biodiversité la finance elle même se porte plutôt bien : les banques ne cessent d’inventer de nouveaux produits spéculatifs et il ne se passe pas un mois sans que l’on entende parler d’une nouvelle monnaie basée sur la blockchain qui promet de révolutionner les flux financiers. Certains dynosaures vont peut être disparaître, bousculés par des fintechs audacieuses mais l’espèce n’est pas en voie d’extinction.
Comme il faut des sous pour sauver la planète, le rapport Waldron estime entre 722 et 976 milliards de dollars la somme nécessaire d’ici 2030 pour protéger la biodiversité.
Combien par personne ?
Mon esprit a toujours du mal à appréhender des chiffres aussi énormes. Donc je vous propose d’enchaîner quelques règles de 3 pour revenir à des chiffres plus faciles à comprendre. Commençons par arrondir pour éviter de devoir sortir une calculatrice. Waldron nous dit en gros qu’il faut 1.000 milliards sur 10 ans, donc environ 100 milliards par an. Toujours en arrondissant, considérons que nous sommes 10 milliards d’humains sur terre, même si ce n’est pas encore le cas. Nous arrivons donc à une somme, quasi ridicule, de 10 dollars par habitant de la planète et par an.
Ce chiffre de 10 dollars devient plus facile à saisir, mais il n’est pas perçu de la même façon par chaque habitant de notre planète. Si 10 dollars ressemble au salaire horaire minimum dans un pays comme la France, il va être l’équivalent de plusieurs heures de travail en Inde ou en Chine. Notons au passage que cela peut expliquer une partie des difficultés de négociations entre les différents groupes de pays lorsqu’il s’agit de dégager de telles sommes : elles ne veulent pas dire la même chose en Europe, en Asie ou en Afrique !
Je reste tout de même sidéré par la faiblesse du chiffre : quelques heures par personne et par an seraient suffisantes pour sauver la biodiversité ?
Est-ce suffisant ?
Je ne suis pas certain que réunir des masses aussi importantes d’argent soit la meilleure des solutions. Le rapport Waldron précise d’ailleurs que les trois quarts de cette somme doivent être consacrés à l’évolution de notre modèle économique pour le rendre plus respectueux de la biodiversité. Un quart seulement serait dédié à des investissements directs pour protéger certaines zones plus fragiles. Est-ce vraiment de l’argent qu’il faut pour changer notre modèle économique ? Ou un changement de mentalité des dirigeants pilotant nos entreprises et nos gouvernements ?
Je suis plus rassuré par la proposition de océanographe François SARANO qui propose dans le même numéro du journal Le Monde d’amener chacun à reprendre contact avec la nature, en commençant dès l’école avec les plus jeunes. Quelques heures de plus par personne que celles « calculées » ci-dessus mais avec des promesses d’émerveillement et d’un meilleur équilibre personnel. Ne comptons pas uniquement sur ces énormes sommes d’argent confiées à des politiques pour changer le rapport que chacun d’entre nous devrait avoir avec la nature !
Le cloud / biodiversité. Dans le lien ci-dessous, distributique parle de 1.300 milliards de dollars pour le cloud en 2025. Si l’on tente la même règle de 3, nous sommes donc à 130 dollars de cloud par être humain / 10 dollars pour la biodiversité. Cherchons l’erreur…
https://www.distributique.com/actualites/lire-les-depenses-liees-au-cloud-depasseront-1-3-trillion-de-dollars-en-2025-31610.html