Tout le monde (ou presque) est d’accord :

Pour sauver notre planète, il faut accroître de manière conséquente notre production d’Énergies Renouvelables (objectif de 40 % pour 2030 alors que nous sommes à 20 % en France – source officielle) !

C’est même une opportunité de créer des emplois, de permettre le développement économique et d’assurer notre indépendance économique.

Autant de raisons d’y aller à fond et à tout prix !

VRAIMENT ???

Entendons-nous bien, je ne suis pas climatosceptique et ne discute la nécessité de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit d’attirer l’attention sur le fait qu’il faut élargir le point de vue.

Car, malheureusement, le changement climatique n’est pas le seul défi à prendre en compte !

Vision tunnel Carbone
Source: Jan Konietzko

Et, pour être caricatural, raser une forêt primaire à l’aide de tronçonneuses électriques alimentées par des panneaux PV n’améliorerait pas significativement le bilan de l’opération, et encore moins notre situation.

Bizzaro Comics, Dan Piraro

Les ENR, c’est quoi ?

Impacts

Passons sur les intrants (et les déchets en fin de vie), dont des énergies encore fossiles en grande partie, l’eau, des métaux, des terres rares, nécessaires à la production des éoliennes, des panneaux PV et des barrages, à la culture des céréales pour la production des biocarburants: ces aspects font déjà l’objet de nombreuses discussions en ligne.

Passons aussi sur les impacts directs durant la phase d’exploitation tels que les oiseaux heurtant les éoliennes, les poissons migrateurs empêchés par les barrages…

Oublions encore le débat sur le fait que les ENR ne sont, pour l’essentiel, pas pilotables et doivent donc venir en complément de centrales nucléaires et/ou de centrales fonctionnant aux énergies fossiles.

En effet, si les impacts ne sont pas neutres, il est généralement admis que le bilan reste globalement positif (même si une analyse plus fine peut parfois être utile) au regard du gain en émissions de gaz à effet de serre. Quelques sources: ADEME, Qui est vert.

Mais, il faut, à mon avis, prendre en compte un aspect souvent négligé : si, comme c’est parfois le cas, il s’agit de défricher une forêt pour un implanter un parc d’éoliennes, d’utiliser un espace naturel pour un parc photovoltaïque, (les 2 liens concernent des exemples actuels près de chez moi), de monopoliser une surface agricole pour produire (de manière intensive à grands renforts de pesticides et d’engrais chimiques bien sûr) du biocarburant au lieu d’une production servant à l’alimentation ou encore de noyer des hectares de forêts, de terres arables, de prairies, des surfaces habitées (qui devront être délocalisées)… sous un lac de barrage, l’impact sur la biodiversité est parfois dévastateur avec des dégradations durables de biotopes bien souvent sensibles.

Et les mesures de compensation prévues ne sont pas toujours suffisantes ni dans leur ampleur, ni dans leur durée.

Or la 6ème extinction de masse a commencé et elle est en relation avec le changement climatique !

Conclusion

Il faut donc se demander : à quoi va servir cette énergie ? Pourrions-nous nous en passer ? Comment mieux l’utiliser ?

Car, si elle doit avant tout servir à alimenter le modèle de croissance économique qui a conduit à la situation actuelle, c’est un peu comme si la grenouille qui sent que l’eau de la marmite commence à chauffer un peu trop fort, décidait de remplacer le gaz par de l’énergie solaire…

Et pour faire bonne mesure, pourquoi ne pas en profiter pour augmenter le thermostat ?

En effet, si nous continuons à produire toujours plus, sans rapport avec nos réels besoins et, surtout, en ne tenant aucun compte des limites planétaires, le % d’ENR ne changera malheureusement pas fondamentalement la donne.

Qu’en pensez-vous ?

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