Le texile : une industrie polluante.
L’industrie de la mode est une des plus polluantes au monde avec en plus de nombreuses exploitations humaines. Dans ce domaine il y a plus de 1 vêtement sur 5 fabriqué par un travailleur forcé (comportant les enfants à partir de 6 ans). La culture du coton à elle seule représente près de 25% des pesticides utilisés dans le monde. Cette industrie émet plus de GES que les transports aériens et maritimes réunis. En effet, il y a plus de 4 milliards de tonnes de Co2 émis au niveau mondial chaque année (pour les vêtements et les chaussures). Par exemple, la production d’un seul jean consomme des litres d’eau, 9000 litres en moyenne. De plus il a été constaté que depuis 2015 la consommation de vêtements a augmenté d’environ 40%. Cette industrie est responsable de plus de 20% de la pollution des eaux industrielles (retrouvez d’autres chiffres sur le site ademe).
La fast/ ultra fast fashion.
On parle notamment de surproduction, avec des prix toujours plus bas fabriqués dans les pires conditions de travail : ce sont des enseignes de fast/ultra fast fashion. Ce type d’enseigne entraîne une forte surconsommation, qui a de lourdes conséquences sur l’environnement. Nous avons comme exemple typique l’enseigne SHEIN. Très populaire chez les jeunes (fortement partagé et promu sur les réseaux sociaux notamment TikTok) , elle produit près de 2 000 à 10 000 nouveaux articles chaque jour (chiffres énormes même pour le monde de l’ultra fast fashion). Ces quantités monstres de production finissent souvent dans des décharges. Les 100 milliards de produits textiles fabriqués chaque année représentent 92 millions de tonnes de déchets soit 1 camion de poubelle par seconde.
De plus, ce domaine entraîne des émissions de carbones (10%), consomme 342 millions de barils de pétrole et représente 20% des eaux usés. Les fibres synthétiques relâchent des microfibres plastiques (à chaque lavage) qui finissent dans les océans, soit 500 000 mille tonnes de microparticules de plastique. Cette mode dite « ultra rapide » détruit notre planète à une vitesse effroyable ; il faut absolument faire de la prévention et empêcher les personnes d’acheter dans ce genre d’enseigne en ne propageant plus de positif sur ce type de production (toujours l’exemple de SHEIN qui est fortement promu sur les réseaux sociaux, touchant principalement les jeunes générations, avec des vidéos de personnes montrant de gros colis contenant une forte quantité de vêtements peu coûtants poussant à la consommation)
En France.
Pour ce qui est du gaspillage-textile en France, 22 kilos de vêtements sont jetés chaque seconde. Pour la plupart, nous achetons et accumulons une quantité bien trop élevée de vêtements dont nous avons pas forcément la nécessité, ils finissent par ne plus être utilisés et sont même jetés (le recyclage/upcycling n’est donc plus possible). Il y aurait en moyenne plus de 70% de notre dressing qui ne serait pas utilisé. A savoir que tout ce gaspillage est tout aussi alarmant et inquiétant que celui concernant l’alimentation.
Cependant, plus de 92% des français disent de pas être assez informés sur la mode éthique. Il faut changer le cours des choses et mettre en place des solutions (en savoir plus sur le site de THOTAIM, Cabinet de conseil RSE sur la mode et le textile de Sylvie Veyret)
La loi Agec (Anti-Gaspillage pour une Économie Durable).
Un projet de loi Français se nommant la loi Agec, loi anti-gaspillage visant une industrie française plus responsable, a été instaurée par un décret le 29 avril dernier. Elle va rentrer progressivement en vigueur de janvier 2023 à janvier 2025, en fonction de certains seuils de chiffre d’affaires et du nombre de produits mis sur le marché. La loi consiste à mettre en place une obligation pour les marques (pour celles produisant un chiffre d’affaire de plus de 50 millions d’euros) de rendre publiques les informations sur leur chaîne d’approvisionnement, l’utilisation de matériaux recyclés et le recyclage en fin de vie du produit. Chaque marque/ entreprise se doit donc d’être transparente pour indiquer aux consommateurs quel est le produit qu’ils achètent, d’où il vient, comment il a été produit, par qui etc.
De nouveaux acteurs.
Face à cette nouvelle loi, de nouveaux acteurs se positionnent pour aider les entreprises à répondre à ces nouvelles exigences.
Nous avons comme exemple Fairly Made, qui a déjà mis en place un système visant à faire devenir les marques plus responsables. C’est une entreprise à missions qui permet d’évaluer les produits pour savoir leur impact sur l’environnement. Fairly Made accompagne donc différentes marques en mettant en place une offre d’évaluation des produits basés sur différents critères : l’environnement, la responsabilité sociale, la traçabilité, la durabilité et la fin de vie du produit c’est-à-dire son recyclage. Le bilan de cette évaluation sera accessible aux consommateurs via un QR code ou une étiquette accrochée au vêtement.
Nous avons aussi L’empreinte qui permet de comparer l’impact de la matière première, de la fabrication, du transport, de l’usage et de la fin de vie du produit. Tout se passe sous la forme d’un abonnement « software as a service » (SaaS), la solution implique tous les services de l’entreprise, de l’achat de la matière première au designer.
Et enfin TILLI qui est une application permettant aux personnes de réparer des vêtements/ tissus. Elle a déjà convaincu plus de 50 entreprises comme la marque Aigle ainsi que de grandes enseignes tel que Les Galeries Lafayettes. L’application collecte également des données tout au long de la vie d’un produit.
Le recyclage.
Différentes solutions doivent être mises en place le plus rapidement possible afin de « limiter les dégâts » . Mettre en place un système de recyclage (faire de l’upcycling) serait une bonne chose pour éviter de jeter les vêtements. Par exemple l’enseigne Revive Clothing Lab propose de recycler les vêtements en leur donnant une « seconde vie » permettant donc de contrer le gaspillage. Il y aussi comme autre enseigne faisant de l’upcycling Chaussettes orphelines de Marcia de Calvalho. Son but est de recycler des chaussettes qui sont inutilisables et qui finissent donc à la poubelle. Le choix de la chaussette s’explique par le fait que sa fabrication est fortement polluante (le coton épuise nos réserves d’eau, une paire de chaussettes coton de 60 g nécessite 1350 litres d’eau, soit plus de 20 douches) alors que plus de 90% sont jetées à la poubelle (source Eco TLC).
Des enseignes écoresponsables ?
Pour accompagner ces changements, d’autres acteurs se positionnent pour aider les consommateurs à choisir les marques les plus responsables et leur permettre d’acheter en ligne.
Fashion Green Hub est une association d’entreprise mode et textile fondée en 2015 qui réunit plus de 300 entreprises modes et porteurs de projets. Elle a pour but de de créer une activité de mode durable, éthique, locale et innovante.
L’enseigne WeDressFair, permet de sélectionner des marques de modes qui sont réellement responsables (selon 3 engagements comme celui du minimum de matières éco-responsables dans chaque vêtement). WeDressFair est fortement sélectif et compte sur de nombreux de critères. Exemple d’une de leur marque choisie : Patagonia (marque connue pour les vêtements de sport,de montagne et de surf).
D’autres enseignes tel que Balzac, FairyTale, Kozze, proposent des projets similaires. La multiplication des plateformes qui sont visibles sur google lorsque l’on recherche « mode responsable » amène toutefois à se poser la question : sont-elles vraiment toutes responsables ou s’agit-il plutôt d’un « effet de mode »….
Des efforts individuels.
A une échelle individuelle nous devons aussi faire de nombreux efforts : consommer moins, acheter dans des enseignes responsables donc pas d’ultra fast fashion, se renseigner sur les produits que l’on achète, acheter de la seconde main (exemple de Vinted ou des friperies) etc. Il faut donc consommer moins et mieux ! D’autant plus que 78% des français (en savoir plus sur le site de THOTAIM) déclarent être prêts à acheter plus cher un article éco-conçu. C’est donc à nous aussi d’agir !
C’est pour accompagner ces changements de consommation que l’ADEME a créé, la semaine européenne de la réduction des déchets (SERD), qui aura lieu du 19 au 27 novembre 2022, pour lutter contre l’impact du textile au niveau planétaire.
Elle a prévu de faire agir les consommateurs en les poussant à consommer différemment de leurs habitudes (mesurer les impacts induits et s’interroger sur ce qui est vraiment utile…), les pouvoirs publics, les entreprises et les associations pour qu’ils soient chargé de cette transition d’une industrie textile plus responsable (solutions de fabrication/production, réutilisation et recyclage des textiles). Toutes ces actions permettraient de se diriger vers un modèle de consommation plus « sobre » et écologique.