Le Grand Défi, lancé par Virginie RAISSON-VICTOR, Jérôme COHEN et Valérie BRISAC, vient de publier une liste de 100 propositions pour accélérer la transition écologique de l’économie et des entreprises. Ce billet n’a pas l’intention de les reprendre dans le détail mais il nous a semblé intéressant de faire le rapprochement de cet exercice d’intelligence collective avec les approches proposées par DIAG26000 qui s’appuient aussi sur une dynamique collective.

Méthode

Production impressionnante donc de 100 propositions concrètes avec des fiches vraiment détaillées qui citent à la fois des actions à réaliser, des objectifs pour les années à venir, le niveau d’impact et la difficulté de mise en œuvre.

Le rapport inclut aussi une présentation synthétique de ces propositions qui n’est pas sans rappeler les techniques de carte d’idées qui, vous le savez bien entendu si vous me lisez souvent, me tiennent particulièrement à cœur. Juste un peu dommage qu’il n’y ait pas de lien sur cette belle image pour aller directement explorer chacune des idées présentées.

Le rapport de synthèse ne le précise pas mais la plate forme bluenove a été utilisée pour rassembler les contributions. Les illustrations sont surtout basées sur des photos de groupes en train de discuter et ne permettent pas de savoir comment cet outil a été utilisé. D’ailleurs, autant je trouve judicieux le tirage au sort pour organiser les réunions de travail en présentiel dans lesquelles le nombre de participants est forcément limité, autant je me demande pourquoi la plate-forme n’a pas été ouverte pour permettre à un plus grand nombre de personnes de s’exprimer.

Il serait fastidieux de passer ici en revue les 11 parties et les 100 propositions mais plusieurs fiches peuvent être éclairées par les 10 ans de fonctionnement du réseau DIAG26000, en particulier sur l’engagement et la compatibilité.

2 – Engagement

Sur les 11 grands chapitres abordés par ce Grand Défi, les liens avec l’écosystème DIAG26000 semblent évidents sur le second : l’engagement.

La fiche E2 propose ainsi d’accélérer la formation de l’ensemble des salariés aux enjeux environnementaux. Sur ce point précis, l’auto-diagnostic proposé par DIAG26000, n’est pas une formation à proprement parler mais reste une forme très efficace de sensibilisation. En quelques minutes chaque salarié est amené à passer en revue les 44 domaines d’action de la norme ISO26000 en répondant à des questions qui ont été formulées pour être compréhensibles par des personnes n’ayant jamais entendu parler de RSE. Je suis assez en phase avec le niveau d’impact 4 de cette fiche. Par contre, si l’on accepte de sortir du cadre et d’imaginer autre chose que des formations de masse en présentiel, le niveau de difficulté de mise en œuvre pourrait bien descendre à 2 voire 1 !

Je ne suis pas certain qu’un catalogue de formations certifiées soit la meilleure solution pour avancer sur ce point. Cela ressemble un peu trop au « business as usual » des grands organismes de formation. Quid des outils très participatifs comme les fresques du climat, de la mobilité… La certification va aussi poser un souci : qui va être chargé de certification, et sur quels critères ? Avez-vous suivi le dernier grand scandale des CPF ? Les pirates qui officiaient dans des dizaines d’organismes bidons avaient tout simplement créé leur propre organisme de certification. J’ai aussi en tête deux process de certification de consultants RSE dans lesquels des experts pourtant reconnus ont été laissés de côté pour des raisons assez opaques.

10 – Comptabilité

Oui à la création d’une plate-forme nationale d’affichage des données ESG des entreprises. Mais à attention à la fiabilité des données. L’exemple ORPEA, très bien noté par tous les auditeurs ESG avant que n’éclate le scandale, a montré que les chiffres fournis par les dirigeants ne sont pas toujours un reflet sincère de la réalité terrain.

L’acceptation d’un tel affichage par les entreprises peut aussi être un point critique. Vous souvenez vous de ce rétropédalage rapide de l’exécutif il y a quelques années lorsque qu’un tableau de bord accessible par tous affichait en orange ou rouge les entreprises gérant mal les risques psychosociaux ?

La preuve d’engagement RSE proposée par DIAG26000 évite ces deux écueils. Elle est basée sur la perception de l’ensemble des collaborateurs (pas seulement les dirigeants!). Et chaque entreprise peut choisir le niveau de détail qu’elle décide de rendre visible lorsque les internautes viendront consulter son label. Un début de rapport RSE en ligne pour les petites structures qui n’ont pas toujours le temps de préparer le leur !