La biologie

Augustin Pyrame de Candolle doit se retourner dans sa tombe ! Quand il a créé le terme de taxonomie en 1813, il s’agissait pour lui des principes de la classification naturelle et de l’art de décrire et d’étudier les végétaux. Comment en sommes-nous arrivés aujourd’hui à relier taxonomie et énergie nucléaire ?

Cette taxonomie a débouché sur des classements incroyablement précis, comme cette roue de la vie que connaissent déjà les stagiaires de mes formations sur les cartes d’idées. Elle fait partie des exemples que je cite pour montrer la puissance de classements non linéaires. Si vous en avez le temps, vous pouvez zoomer sur cette roue. Le défi ? Tenter de retrouver où se situe sur ce classement l’espèce humaine !

L’Europe

Lorsque l’on parle de taxonomie européenne, nous ne sommes plus dans la biologie mais dans la classification des activités économiques en fonction de leurs impacts environnementaux. Ce débat peut vous sembler lointain de notre réalité quotidienne mais il va orienter massivement les circuits financiers vers les investissements qui pourraient permettre à l’Europe d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.

Entre les entreprises de plus de 500 personnes, les institutions financières et les auditeurs des différents labels financiers verts, les décisions vont concerner plus de 10.000 acteurs et des montants financiers considérables. En ce qui concerne les labels ISR ou ESG, vous pouvez jetez un œil sur un des derniers billets de notre blog qui montre que les auditeurs seuls ont souvent une perception partielle voire partiale.


En matière de biologie il y eut dans les siècles passés quelques disputes épiques pour décider du classement d’une nouvelle espèce. Mais cela n’est rien à côté des lobbyings actuels qui se déchirent autour du contenu de cette taxonomie européenne en cours de finalisation. Il y a encore quelques semaines, il semblait bien que les énergies gaz et nucléaire seraient exclues de cette taxonomie « verte ». Coup de théâtre le 2 février : la commission présente un « acte délégué complémentaire » relatif aux objectifs climatiques qui étend le périmètre au gaz et au nucléaire. La France s’en réjouit. L’Allemagne est contente pour le gaz mais va tout faire pour exclure à nouveau le nucléaire. Et les groupements comme Attac sont évidemment contre les deux. Un beau sujet de plus sur lequel l’Europe risque de se déchirer. Comment ne pas penser au concept de #greenwashing ? Même si l’on peut reconnaître que gaz et nucléaire sont moins mauvais pour le CO2 que charbon et fioul.

Quand un classement repose sur des critères à priori scientifiques certains proposent parfois de le faire évoluer ou le remettre en cause. Mais appliquer le concept de taxonomie à des décisions avant tout politiques a-t-il encore du sens ? Peut-être aurait-il mieux valut choisir un autre terme. D’autant plus que dans l’inconscient collectif taxonomie peut évoquer le terme de taxes !

Un dossier sensible de plus à gérer pour la Présidence Française de l’Union Européenne. Et c’est hélas loin d’être le seul !

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