Philippe SALAUN, vous dirigez les P.F.C.A. Pouvez-vous nous présenter cette structure et son activité ?

Nous sommes une Société d’Economie Mixte Locale, créée en 1999, administrée par des élus et par des institutionnels (Banque, assurances), anciennement régie municipale des PF de Brest. Nous avons en charge, la gestion, par délégation de service public de 3 centres funéraires et d’un crématorium et par le biais d’une croissance externe, 2 centres funéraires en gestion directe.

Tous les métiers du funéraire sont représentés au sein de l’entreprise composée de 40 salariés, agent funéraire, conseiller funéraire, maître de cérémonie, agent crématiste, thanatopracteur et marbrier.  Notre activité repose sur l’accompagnement des familles.

Vous dirigez donc une PME de 40 salariés. Comment cela se passe dans une structure de cette taille ? Est-il possible d’avoir un responsable RSE à temps plein ? Ou avez choisi d’autres modes  organisations ?

En fait nous sommes plutôt sur un modèle hybride. Personnellement, j’ai commencé à m’intéresser à la RSE en 2019. J’ai réalisé un diagnostic sur Internet dont les résultats m’ont servi de base de travail pour démarrer notre démarche. J’ai aussi participé à plusieurs réunions d’information au cours desquelles j’ai pu identifier les fameuses 7 questions centrales de l’ISO 26000 et comprendre qu’il ne s’agissait pas uniquement du respect de l’environnement, mais également des Droits de l’Homme, de la loyauté des pratiques envers les familles, des conditions de travail et du développement local.

Effectivement, il est difficile, compte tenu de la taille de notre structure, d’avoir un responsable RSE à temps plein. En regardant le curriculum vitae d’un jeune diplômé qui travaillait pour nous comme agent funéraire en intérim, je me suis aperçu qu’il était passionné par l’environnement et un cursus universitaire en adéquation avec notre souhait. Je lui ai proposé une mission de six mois afin de réaliser un audit et définir un plan de démarche sociétale en y associant les principaux indicateurs. Nous sommes également accompagnés par un consultant senior, Michel KEREUN, qui nous aide à formaliser la stratégie et définir les actions prioritaires. Je dois dire que ce couplage entre jeune et ancienne génération fonctionne très bien.

L’importance de la démarche et de sa réussite passe obligatoirement par l’information aux collaborateurs des choix opérés, des pratiques et procédures et des objectifs fixés. Expliquer la pertinence du projet est primordial.

Vous avez choisi récemment de lancer un diagnostic participatif avec DIAG26000. Comment cela s’est-il passé ? Est-ce que cela a été compliqué à mettre en place ?

Sa mise en place est relativement simple. C’est vrai que dans la continuité d’une démarche participative, il me semblait important de pouvoir associer tous les salariés et salariées de l’entreprise. DIAG26000 tel que Michel KEREUN nous l’a présenté répondait à toutes ces attentes. On est vraiment dans l’accompagnement, cela permet d’associer l’ensemble du personnel.

Le projet RSE était déjà dans l’esprit de mes collaborateurs par le biais de différentes réunions. Nous n’avons rencontré aucune difficulté pour sa mise en place.

Encore une fois, la communication est la base de ce projet et le fondement de notre démarche, au-delà des parties prenantes, consiste à y associer l’ensemble du personnel.

Vous avez obtenu un taux de participation impressionnant de 80%, ce qui n’est pas très courant. Avez-vous du organiser plusieurs vagues de communication ?

Le plus important est d’informer du pourquoi de la démarche et comment seront exploitées les informations collectées. La confidentialité des données et l’anonymat des participants est également un axe primordial à la réussite du diagnostic. Nous avons souhaité que nos collaborateurs soient au fait de nos engagements RSE pour être, ensemble, encore plus responsables, plus durables, plus éthiques à l’avenir et ainsi, toujours mieux accompagner nos familles et maintenir la durabilité de nos ressources. Pour ce faire, nous avons fait réaliser une évaluation RSE par les salariés. Ce projet est une preuve d’engagement vérifiable à tout moment par un logo présent sur notre site ainsi qu’un QR CODE que nous pouvons reprendre dans tous les documents de l’entreprise.

Par ailleurs, les salariés sont des éléments clés dans la mise en place durable de la RSE. Totalement impliqués dans la démarche en cours, ceux-ci définissent ainsi les actions prioritaires qui seront mises en place selon un plan d’actions à court et moyen termes. Ce plan d’action sera rédigé en tenant notamment compte des enjeux et objectifs prioritaires faisant partie intégrante de la stratégie de l’entreprise. L’intégration du CSE (Comité Sociale Economique) de l’entreprise à la démarche est une valeur ajoutée au processus.

La preuve d’engagement DIAG26000 est un plus, vérifiable à tout moment. Nous allons pouvoir mettre en place le logo affichant notre engagement sur notre site et ça c’est plutôt bien. On a intégré aussi dans la démarche notre QSE  parce que c’est une valeur ajoutée au processus. Tout le monde était parfaitement au courant de pourquoi on le faisait et où nous voulions aller. Je pense que c’est le fruit du travail quotidien au niveau ressources humaines. Être proche des gens, respecter les gens, les tenir au courant

Après le temps du diagnostic participatif, vient le temps de l’action. Qu’avez-vous prévu pour continuer à rendre votre démarche  dynamique ?

Nous sommes déjà dans l’action dans le sens où les parties prenantes de l’information sont des relais hyper importants. Il y a des réunions qui se font déjà régulièrement avec ces parties prenantes. Elles permettent d’intégrer les objectifs sociétaux et environnementaux à la stratégie globale. Il y a des tableaux de bord qui permettront d’avoir une traçabilité en adéquation avec les actions définies.

Il est vrai que la responsabilité sociétale se retrouve mise en avant par notre secteur d’activité, qui est tellement particulier. Le fait de mettre en avant l’intégration RSE dans son modèle économique est aujourd’hui important. Je pense que la jeune génération qui arrivera demain sur le marché du travail aura une démarche environnementale avancée.

Je n’attends pas que l’audit soit réalisé et finalisé pour essayer de mettre des choses en place. Nous essayons d’être dans l’action continuelle. Les avantages y sont nombreux, concurrentiel, réputation, fidélisation des salariés, relations avec les tiers…

Je crois que vous êtes aussi actif en dehors de l’entreprise, sur votre territoire ?

Brest métropole et le pays de Brest sont actuellement partenaires d’un projet européen intitulé « TOMORROW », dont l’objectif est de faciliter la transition énergétique, climatique et sociétale dans les villes européennes. La métropole fait ainsi partie des 6 villes pilotes (avec Valence, Dublin, Mouscron, Nis et Brasov) qui vont expérimenter des méthodes de participation innovantes afin de construire avec les acteurs locaux et les citoyens des feuilles de route de transition pour leur ville.

Ce projet s’inscrit dans la continuité du Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) 2019-2025, outil de la collectivité pour déterminer les objectifs à atteindre et un programme d’actions en vue d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter.

La Direction Écologie Urbaine de Brest métropole porte le projet TOMORROW et travaille à la définition d’une méthode de participation adaptée en vue de cibler les acteurs du territoire : entreprises, institutions, associations, scientifiques, citoyens. Ce travail a été initié depuis le printemps 2020 avec un groupe de personnes issues des services de la métropole, de la ville de Brest et des partenaires externes.

La SAEML des PFCA est engagée, à travers une charte pour le climat, à mettre en œuvre des actions contributives à des objectifs, optimiser les consommations énergétiques, les flux déchets, le tri, évaluer le potentiel solaire des toitures… Il est important de devenir acteur face aux bouleversements climatiques et dans la mise en place de mesures adaptées.

Nous faisons également partie de l’UPFP (Union du Pôle Funéraire Public) dont le secrétaire général, Patrick Le Rognon, par ailleurs directeur général des Pompes funèbres publiques de La Rochelle a pour objectif de mettre au point un référentiel RSE dédié au secteur du funéraire.

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